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Histoire de la paroisse d'Ermont

La paroisse d'Ermont figure vraisemblablement parmi les plus anciennes communautés chrétiennes implantées en Gaule romaine, dont la première paroisse importante fut celle de Lugdunum (Lyon), où l'évêque Pothin fut martyrisé, avec Blandine et ses compagnons, en 177.

Vestiges gallo-romains

En 1982 et 1983, des fouilles archéologiques préventives réalisées à Ermont avant le démarrage des chantiers de construction pour la rénovation du centre ville ont découvert un puits et six fosses domestiques à détritus d'époque gallo-romaine, datés approximativement du IIe siècle au IVe siècle. Ces fosses sont une source de renseignements précieux pour connaître la vie quotidienne et professionnelle des Ermontois de l'époque gallo-romaine.

Ermont, village carrefour

La première mention connue du nom du village est Ermedon, cité dans la charte de l'abbaye de Saint-Denis, écrite par l'abbé Hilduin en 835. On ignore quel était le nom gallo-romain de ce village, établi au croisement de la route gauloise venant de Lutèce, via Argenteuil, maintenant appelée rue de Stalingrad, et de la route romaine de Lyon à Rouen, de nos jours appelée Chaussée Jules César, dans plusieurs communes, et rue du Dix-huit Juin, à Ermont. Mais des vestiges en ont été découverts en 1885, puis lors des fouilles menées de 1963 à 1990. La configuration topographique d'Ermont est fondée sur les activités de relais de poste et de carrefour. La démolition de l'ancien marché en 1983, a mis à découvert les vestiges d'un forum, qui était le lieu des échanges commerciaux. Le village fut détruit lors des invasions germaniques, à la fin du IIIe siècle, puis rebâti. Il fut prospère sous les Mérovingiens.

Ermont, paroisse immémoriale

On ne sait pas quand s'implanta la communauté chrétienne, mais le nom du dédicataire primitif, saint Étienne, est le signe qu'elle existait dès les premiers temps d'évangélisation de la Gaule, avant le IVe siècle, selon les experts en toponymie. Les paroisses voisines créées un peu plus tard sont souvent dédiées à saint Martin de Tours (316-397), à saint Germain d'Auxerre (378-448), saint Denis de Paris (mort en 258). Au temps des Mérovingiens (VIe et VIIe siècles), Ermont est une paroisse importante, dont le centre est l'église, peut-être bâtie sur une ancienne villa gallo-romaine, entourée de son cimetière, qui a été découvert en 1885, lors du creusement du chantier pour la reconstruction de l'église. Lucien Magne, architecte des Monuments historiques, découvrit 12 sarcophages en pierre et 48 en plâtre, datés du VIe au IXe siècle, ainsi que des fragments de tuiles et de céramiques sigillées gallo-romaines, qui attestent que le premier sanctuaire chrétien a été bâti à l'emplacement d'une villa gallo-romaine et autour d'une memoria (sépulture vénérée). Des vases rituels contenant des restes d'incinération et profondément enterrés ont été retrouvés. Lors des travaux de 1963, sont mis au jour 25 sarcophages de pierre ou de plâtre et les vestiges de l'église carolingienne, de plan carré de 11m de côté, aux murs épais de 1m, à contreforts d'angles, bâtie sur la nécropole mérovingienne et citée dans un acte de l'abbaye bénédictine de Saint Denis.

Deux protecteurs pour Ermont

A partir du XIe siècle, la paroisse est placée sous la protection conjointe de saint Étienne et de saint Flaive, évêque de Rouen de 529 à 544, dont le corps a été conservé dans l'église jusqu'en 1105 et dont une relique a été rendue au curé d'Ermont en 1892. Le pouillé (registre) de 1205 indique l'église carolingienne et son cimetière. Le récit d'un Flaive ermite, vivant sur la colline de Sannois et guérissant les malades avec l'eau de la fontaine qu'il y avait découverte, serait, selon les études les plus récentes, une légende. La mention de la fontaine n'apparaît qu'en 1559. Les Ermontois s'y rendaient en pèlerinage pour les Rogations. Le propriétaire du lieu y mit fin en 1720 en fermant l'accès à la fontaine. Les reliques de saint Flaive furent d'abord déposées à l'abbaye de Jumièges, puis dans l'église d'Ermont. Mais en 1105, lors du siège de Montmorency, le prince Louis les fit transporter et mettre à l'abri dans l'abbaye Saint-Martin de Pontoise. A partir du XVe siècle, saint Flaive devient le seul patron de l'église. Les reliques furent détruites ou dispersées pendant la période révolutionnaire, mais le curé d'Ermont put récupérer, en 1892, un fragment d'os inséré dans un reliquaire en forme de bras bénissant.

Évolution de la vie à Ermont

Le village, détruit à la fin du IIIe siècle, rebâti au IVe siècle et prospère à nouveau pendant la période mérovingienne, du VIe au VIIe siècle, autour de son église, connaît ensuite des fortunes diverses. Durant tout le Moyen Âge, se développe le hameau de Cernay, du nom de la seigneurie qui s'y installe, sous la suzeraineté des seigneurs de Montmorency. Au cours du XIIIe siècle, l'implantation d'une commanderie des Templiers de Paris y est favorisée par les seigneurs locaux. Puis la jacquerie de 1358 et les compagnies anglaises de la guerre de Cent Ans ravagent la région. En 1471, Ermont compte seulement 8 feux, soit 32 habitants environ. La population passe à 100 feux, soit 400 habitants, en 1713, puis 125 feux, soit 500 habitants, en 1781.

La mortalité infantile est considérable: au moins deux cinquièmes des enfants nés à Ermont meurent dans leur première année, plus que la moyenne en Île de France. Cette mortalité est sans doute due au manque d'hygiène, à la promiscuité dans des habitations inconfortables, mais aussi à l'impéritie des sages-femmes qui procèdent aux accouchements. Elles prêtent serment à l'autorité ecclésiastique, qui ne vérifie pas leur compétence médicale et leur demande surtout de savoir administrer le baptême. Beaucoup d'enfants sont mort-nés ou naissent " en péril de mort ", d'où des ondoiements nombreux faits par la sage-femme. Contrairement à l'usage, les registres paroissiaux d'Ermont ne renferment pas de serment de sage-femme.

A la fin du XVIIIe siècle, le château de Cernay accueille lettrés et artistes, mais la plupart des habitants sont très pauvres et se procurent des ressources complémentaires en prenant des enfants de bourgeois de Paris en nourrice. Ces enfants étant nés à Paris, les registres paroissiaux ne mentionnent que leur décès. La viticulture est l'activité essentielle, peu à peu remplacée par des cultures maraîchères et l'arboriculture, mises en place par les marchands laboureurs.

Au XIXe siècle, la population s'accroît de 513 habitants en 1801 à 2304 habitants en 1896. Cela correspond au développement du réseau ferré. Ermont compte 3101 habitants en 1901 et 23842 habitants en 1968. Des zones pavillonnaires se développent autour des trois gares, entraînant la disparition progressive des cultures. Cet accroissement impose l'agrandissement de l'église de 1887, devenue trop petite, et la construction de la chapelle Notre-Dame dans le quartier des Chênes.

L'église Saint-Flaive

L'église Saint-Etienne-Saint-Flaive, construite vers la fin du XIIe siècle, est agrandie et restaurée par François Texier, seigneur de Cernay, en 1629. Menaçant ruine, elle est remplacée en 1886-1887 par un édifice néo-roman, conçu par l'architecte Lucien Magne, restaurateur de la collégiale Saint-Martin de Montmorency. Cette église dite aujourd'hui "ancienne église" est disposée en croix latine composée d'une nef unique à charpente apparente et de deux chapelles latérales dans le transept. Elle fut confisquée par l'État, en application de la loi de 1905, et les abords furent bâtis en logements sociaux par la municipalité de l'époque. L'intention était visiblement d'encercler l'église pour l'empêcher de s'agrandir, mais un changement d'équipe municipale mit fin au projet. Vers 1950, l'église est devenue trop petite pour le nombre de fidèles qui fréquentent la paroisse. Or, quasi encerclée par les immeubles, elle ne peut être agrandie que par son flanc nord. Le projet d'agrandissement, porté par le maire, M. Robert Bichet, et le curé doyen, le Père François Huppe, a été réalisé par l'architecte Gilbert Faux, d'Asnières, qui appartient au Mouvement moderne, de même que Le Corbusier. Le gros-ouvre, en béton, a été exécuté par l'entreprise Fayolle, de Soisy-sous-Montmorency. Les travaux ont débuté en février 1964. De forme ovale, accolée au flanc nord de l'ancienne, la nouvelle église a l'aspect extérieur d'un navire. La première pierre a été posée par Mgr Melbois, évêque auxiliaire de Versailles, l'ancien diocèse de rattachement. L'église terminée a été solennellement bénie le samedi 18 décembre 1965, par Mgr Renard, évêque de Versailles. Le mobilier est adapté à la célébration de la messe face au peuple, selon la tradition de Vatican II. La table eucharistique en bois est placée sur une estrade circulaire, rendant les cérémonies bien visibles de tous de participants. Le Christ en fer à béton, haut de 5,30 m, est l'oeuvre de Gérard Souquet. Le crucifix d'autel en bois et la statue de Marie, sculptée dans la masse d'un tronc d'arbre, sont de Gubel, mort en 1966. Les bancs ont été fabriqués dans les ateliers Houssard. L'orgue, de la manufacture Beuchet-Debierre, de Nantes, a été inauguré en 1967 par Gaston Litaize, mort en 1991. Le chemin de croix en bronze, acheté par souscription des paroissiens, a été ajouté en 1984.

La Chapelle Notre-Dame-des-Chênes

Le développement du quartier des Chênes a imposé la construction d'un second lieu de culte, conçu par les architectes Herbé et Le Couteur, dont la forme est inspirée par les constructions du Dahomey (actuel Bénin), car la paroisse est alors jumelée avec la mission de Kandy. Mgr Renard, évêque de Versailles, bénit la première pierre, puis la chapelle achevée, le 3 juin 1962. Les bancs ont été spécialement créés pour s'harmoniser à sa forme en oiseau aux ailes ouvertes et portent le nom d'Ermont. Comme l'église Saint-Flaive, la chapelle est adaptée pour la messe face au peuple. L'orgue est un instrument de facture allemande, destiné à une église de Forêt Noire, vers 1878. Il fut installé dans une église de campagne en Alsace, puis transféré à Ermont en 1964 et inauguré en 1965 par le chanoine Roussel, maître de chapelle à Versailles. La statue de Marie a été achetée en mai 1981, grâce à une souscription des paroissiens. Le clocher a été muni d'une cloche, prénommée Marie, bénie par Mgr Riocreux le 16 décembre 2006.

La chapelle de Cernay

A partir de 1869, les Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul font bâtir à Ermont un orphelinat de jeunes filles comme annexe de celui de la paroisse Saint-Roch de Paris. Elles s'installent dans le quartier de Cernay, et édifient en 1872 une chapelle consacrée au Sacré-Cour, qui se compose d'un vaisseau unique de trois travées, achevé par un sanctuaire de plan rectangulaire. La chapelle sert de lieu de culte durant la période de démolition de l'église Saint-Flaive médiévale, devenue périlleuse, jusqu'à la reconstruction de l'édifice, en 1887. Les religieuses quittent l'orphelinat en 1969 et le bâtiment est démoli en 1985. La chapelle est sauvée de la démolition, restaurée, devient un espace culturel municipal, dont les vitraux sont dus aux maîtres-verriers Gérard Hermet et Mireille Juteau. Un simple clocheton coiffe la façade. L'ensemble comporte des éléments d'inspiration médiévale, comme les contreforts et la rose de la façade, mais conserve des proportions plus proches du classicisme, avec ses baies larges et régulières et la grande fenêtre d'axe. Le décor mouluré de l'intérieur fait également référence au XVIIe siècle, selon l'étude de l'historien Matthieu Lours.

Le Centre Saint Jean-Paul II

la paroisse disposait d'une salle de patronage avec une estrade pour les spectacles, qui reçut le nom de salle Jean-Paul II, après l'audience des paroissiens en pèlerinage à Rome en 1982. Fermée pour des motifs de sécurité, elle fut démolie. A son emplacement fut érigé le Centre Jean-Paul II, béni par Mgr Riocreux, évêque de Pontoise, le 13 mars 2005. A l'étage, un oratoire se distingue de la rue par sa grande croix de vitrail, oeuvre de Mireille Juteau, et abrite un vitrail de Valentine Reyre.

Valentine Reyre et le vitrail de l'Assomption

Valentine Reyre (1889-1943), élève de Bourdelle, a mis son talent d'artiste au service de l'Église: elle a participé à la fondation de l'Arche en 1917 et des Ateliers d'Art Sacré en 1918, avec Maurice Denis et Georges Desvallières. Elle s'installe à Ermont en 1921 et y crée son atelier où elle réalise des fresques et vitraux pour de nombreuses églises en France et en Belgique. En vallée de Montmorency, on peut voir des vitraux d'elle dans les églises de Montmagny, Epinay, Sannois. A Ermont, un vitrail sur l'Assomption de Marie, réalisé en 1924, était présent dans la maison offerte par la famille de l'artiste à l'aumônerie de la paroisse, rue des Anémones. Après la vente de cette maison, le vitrail de l'Assomption a été restauré en 2004 dans les ateliers de Mireille Juteau et installé dans l'oratoire du Centre Saint Jean-Paul II.

par Claudia Garderet le 9 mai 2012

Sources: travaux de André Vaquier, Gérard Ducoeur, Matthieu Lours et archives départementales, municipales et paroissiales; recherches complémentaires: Marie-Françoise Boulanger

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